Délivrue

Delivrue s’interroge et vous interpelle

Communiqué du 10 avril 2025

Cher.es voisin.es montpelliérain.es, avec et sans domicile,

Comme vous le savez, Delivrue est un mouvement citoyen. Né il y a plus de 4 ans, il ne vit que grâce à l’engagement au quotidien de ses membres, tous bénévoles. Il ne subsiste que par les moyens que chaque cuistot.e veut et peut personnellement consacrer à la préparation de ses paniers ainsi qu’au temps que chaque cuissot.e veut et peut lui accorder.
Nous ne bénéficions d’aucune subvention publique – nous n’en demandons pas -, ni d’aucune autre aide extérieure si ce n’est, ponctuellement ou plus régulièrement, celle de partenaires solidaires (primeurs, restaurants, évènements…). Merci à eux de leur soutien inconditionnel.

La vocation de Delivrue, loin de vouloir empiéter sur les prérogatives des nombreuses structures sociales et solidaires de Montpellier, est d’apporter un “plus” aux personnes les plus démunies, et particulièrement celles que vous croisez dans les rues de notre ville. Un “plus” grâce aux paniers composés de recettes “maison”, agrémentés d’une entrée, d’un dessert, d’une bouteille d’eau… Un vrai repas “comme tout le monde”, accompagné souvent d’un mot, d’un dessin, d’un livre… et offert au plus près et individuellement au premier voisin rencontré dans la rue. Un “plus” aussi et surtout par ce lien essentiel tissé quelques minutes, voire plus, avec un homme ou une femme souvent victime d’invisibilisation, d’indifférence ou de mépris. Un “plus” pour lutter, à notre échelle, contre les aprioris et l’isolement et participer ainsi à rendre notre ville plus inclusive.

Dernier point essentiel qui définit Delivrue: la liberté. La liberté de participer quand on veut, quand on peut et en prenant toujours plaisir dans cet engagement. La liberté pour le cuistot de composer le panier repas qu’il veut, pour le cuissot d’aller où il veut, comme il le veut.

Tout ceci compose notre ADN, c’est ce que nous sommes et souhaitons rester.

Toutefois, depuis plusieurs semaines, nous sommes sollicités sur des situations d’urgence qui ne relèvent pas de notre positionnement. Ce petit “plus” devient un “indispensable” pour que puisse MANGER une femme victime de violences conjugales mise à l’abri dans un hôtel dont elle n’ose sortir, pour que puisse MANGER un homme d’âge avancé, également mis à l’abri à l’hôtel mais dans l’incapacité de se déplacer suite à une sortie d’hospitalisation sans solution adaptée.

Nous avons tenté de répondre au mieux à ces sollicitations, chacun s’est mobilisé. Nous l’avons fait, nous sommes heureux de l’avoir fait. Nous pensons cependant que Delivrue ne peut être la variable d’ajustement d’un accompagnement social visiblement fragilisé, voire défaillant. Ce n’est pas notre vocation et nous ne pouvons simplement pas l’assumer sur la durée.
Saturation de la demande, précarisation, manquement des politiques publiques, insuffisance de moyens alloués aux associations ? Ce n’est sans doute pas à nous de répondre. Nous pouvons seulement témoigner que l’engagement ne manque pas, que la solidarité existe, perdure et ne faiblit pas; à Delivrue comme chez tous les acteurs du tissu associatif et solidaire de Montpellier. Mais nous nous interrogeons une fois de plus sur l’insuffisance criante des moyens nécessaires à un accompagnement digne des plus fragiles d’entre nous ainsi que la volonté qui lui est consubstantielle.

Depuis lundi, une des personnes mentionnées plus haut, ne devrait plus pouvoir bénéficier de notre soutien quotidien, sans pour autant qu’une autre solution ait pu être trouvée…

La question reste insoluble pour nous: que faire?

L’équipe Delivrue Montpellier